À propos de nous

Lorsque Gérald Fortier a perdu la vie subitement, le 21 mai, les frères Martin et David ont perdu plus qu’un père; ils ont perdu un modèle, un ami et un collègue de travail. Malgré la tristesse, les deux hommes ont choisi de garder le cap et de poursuivre l’oeuvre de leur père au sein de Gérald Musique.

«Il nous manque beaucoup, il n’y a pas une journée qui passe sans qu’on pense à lui. On aurait pu lâcher, mais on continue pour lui, on sait que c’est ce qu’il aurait voulu qu’on fasse», affirme David, le cadet. Preuve de son ambition de relayer l’entreprise qu’il a fondée en 1966 à ses fils, il leur avait cédé une partie des actions de Gérald Musique et leur avait confié la majeure partie des tâches administratives. En fait, Gérald aurait pu prendre une retraite bien méritée, mais son amour pour la musique et pour les gens l’en aura empêché.   «On gérait déjà pas mal tout nous même, mais il était toujours là, il n’arrivait pas à prendre deux jours de congé. À 90 ans, il aurait été encore ici. C’était un passionné», renchérit Martin.

La famille Fortier a eu droit à un grand vent de sympathie au lendemain du décès de celui que plusieurs considèrent comme un grand bâtisseur victoriavillois et une figure marquante du centre-ville. Gérald Fortier était musicien de la formation les Diamants noirs lorsqu’il a lancé son commerce. L’élément déclencheur est l’achat d’un fil dans un commerce de musique victoriavillois. Il a trouvé le prix aberrant et s’est dit qu’il était possible de faire mieux. À partir de rien -sa famille étant relativement pauvre-, il s’est mis à contacter les fournisseurs et à offrir des instruments et de l’équipement sonore, d’abord à partir du magasin Singer de son beau-frère, puis à partir d’un petit local de la rue Saint-Dominique. En quête de plus d’espace et de visibilité, il s’est installé au 88, Notre-Dame Est au milieu des années 1970.

À cette époque, Gérald Musique vendait des instruments de musique, mais aussi de l’électronique. Puisque les deux créneaux prenaient de l’ampleur et que la superficie du magasin était restreinte, un choix s’imposait. Après mûre réflexion et un épisode convaincant, il choisissait de laisser tomber télévisions, radios et disques compacts au début des années 1980. «Il avait eu une super offre pour des enregistreurs VHS, alors il en avait acheté 20. La semaine suivante, ils étaient moins chers chez Sears. C’est à ce moment qu’il a compris que ça changeait trop rapidement dans ce domaine afin que nous demeurions compétitifs», raconte David.

Au fil des ans, Gérald Musique a réalisé trois agrandissements majeurs. Aujourd’hui, le commerce est réputé à travers tout l’est du Canada pour ses prix avantageux et ses produits haut de gamme. «Nous n’avons pas hésité à oser et à offrir des guitares qui valent plusieurs milliers de dollars. Nous avons eu récemment une des deux seules guitares Stevie Ray Vaughan à édition limitée au Canada», dit Martin. Les deux frères ne prévoient pas de nouveaux agrandissements pour leur entreprise à court ou moyen terme. Ils ont toutefois l’intention d’accentuer leur présence sur la toile, estimant qu’il y a de plus en plus de consommateurs qui magasinent en ligne, même pour des instruments de musique. Ceci leur permettra d’étendre leur marché à l’extérieur du Québec.